Candidature à l’AAP CIVIS Openlab – Aix Marseille Université
Le contexte de notre projet de recherche-action participative
Le 12 mars 2021 Madame Mathilde Chaboche (Adjointe à l’urbanisme) et Monsieur Yannick Ohanessian (Adjoint à la sécurité) annoncent l’arrêt définitif du projet d’hôpital privée sur la friche Louis Armand. Dans le même temps, ils annoncent qu’une grande concertation citoyenne sera prochainement lancée pour proposer sur cet espace total de plus de 3,5 ha un projet répondant au mieux aux besoins des habitants. « Nous souhaitons faire émerger des idées, inventer, créer des choses ensemble pour ce terrain au potentiel majeur » explique l’adjointe à l’urbanisme. Entre la réalisation de ce projet et la situation actuelle, Madame Chaboche explique que « les idées d’occupation temporaire pour tester des usages par de l’urbanisme temporaire, des formes d’occupation qui ne s’ancrent pas sur un temps très long… » pourraient être envisagées. Cette nouvelle façon d’appréhender l’urbanise basée sur la concertation, parfois la co-production, les tests d’usage sont des méthodes nouvelles de plus en plus utilisées qui ont pour but d’associer au maximum les futurs usagers en les dotant de compétences leur permettant de devenir des experts d’usage.
Les enjeux modernes de l’urbanisation tels que la prise de conscience de la nécessité du développement durable, la qualité de vie, la sécurité font face à l’accumulation d’un héritage encombrant, celui des friches, qu’elles soient industrielles, commerciales ou institutionnelles. Le gaspillage foncier et la nuisance qu’elles occasionnent constituent un antagonisme évident aux préoccupations contemporaines. Souvent les travaux d’assainissement de ces friches rendent ces lieux inexploitables pendant de nombreuses années, d’où cette conception moderne d’occupation de ces espaces par des projets éphémères. Dans le même temps, ces politiques nouvelles s’inspirent des réflexions récentes de la sociologie des sciences autour de la notion de démocratie technique. On observe une ouverture du cercle des savoirs et un déplacement de la frontière entre expertises techniques, expertises d’usage et savoirs militants. Cette démocratisation de l’accès au savoir et au pouvoir, dans le contexte marseillais, reste toutefois limitée, car des inégalités sociales se maintiennent dans l’accès aux dispositifs et dans la capacité des participants à puiser parmi un panel diversifié des savoirs.
Dans la perspective d’une approche nouvelle de l’urbanisme à Marseille la méthode proposée par la municipalité est innovante, sa réussite imposera une forte mobilisation des habitants et des parties prenantes et leur encapacitation. Par ailleurs, il sera important de tirer les conséquences de cette action afin qu’elle puisse être reproductible dans d’autres lieux à Marseille.
Les enjeux de cette AAP
L’intérêt que porte AMU à cette démarche est importante car elle s’inscrit dans une volonté européenne d’associer les universités aux nouvelles problématiques urbanistiques, économiques, sociales et environnementales qui s’imposent aux territoires. Être lauréat pourrait ouvrir à des partenariats européens qui pourraient profiter au projet Cité des transitions. L’impact de cette « boîte à outils » de la démocratie urbaine » pourrait être majeur dès lors qu’elle permettrait de doter la municipalité de méthodes, connaissances et outils concrets propres à rendre plus efficace sa volonté d’instaurer une fabrication de la ville plus participative, plus originale, plus démocratique.
Par ailleurs, de nombreuses études montrent que, face aux questions vertigineuses que posent les problématiques environnementales, seule une appropriation massive et réelle de ces dernières par la population permettra de trouver les réponses adaptées à chaque contexte.
Enfin, l’obtention du label CIVIS permettrait de renforcer l’intérêt de la communauté universitaire à ce type de démarche et pourrait préfigurer une nouvelle forme d’implication dans des démarche de Recherche-Action citoyenne, ce qui favoriserait une évolution partagée de la fabrication urbaine.
Les objectifs du projet de recherche-action participative
Compte tenu des enjeux que représente l’avenir de la friche, Louis Armand, aussi bien par sa localisation qu’en termes de renouvellement de l’approche urbanistique par la municipalité (propriétaire du terrain), une phase transitoire est envisagée pour donner une nouvelle utilité à un lieu vacant en concertation avec les riverains et tester certaines des idées et propositions des habitants. L’une des conditions de succès majeures de l’émergence de cet espace expérimental se situe dans la capacité qu’auront les habitants et autres parties prenantes de cette nouvelle approche du développement urbain à s’approprier ce lieu.
Nos activités s’inscrivent dans les deux actions qui seront impulsées par la mairie : l’Appel à Idées d’une part et la phase préparatoire au projet d’urbanisation transitoire du lieu. En conséquence, elles seront articulées avec les acteurs en charge de ces deux actions.
1) Actions d’encapacitation des publics concernés.
2) Sensibilisation à certains concepts (quartier collaboratif, espace commun, lieu fabricant, etc).
3) Cartographie et repérage des effets de levier et des freins.
4) Atelier de présentation des principes et enjeux de l’urbanisme transitoire, concept d’acteurs capables, d’experts d’usage, rôle et place des citoyens.
En parallèle à ces actions concrètes qui visent à participer et documenter la construction d’une vision partagée et pourront alimenter le travail préparatoire au projet d’urbanisme transitoire, nous souhaitons étudier les deux questions suivantes.
– Quels sont les déterminants de la participation à un projet collectif citoyen visant à améliorer un espace commun. Cette première question nous permettra également de mieux comprendre comment favoriser cette participation.
– Comment la participation à un tel projet modifie les préférences sociales (other-regarding preferences), étudiées par l’économie comportementale (altruisme, justice, réciprocité, contribution à un bien public, etc.), des citoyens directement impliqués (insiders) et des « voisins spectateurs » (outsiders).
Les membres du consortium
Coordinateurs : Agnès Dechy – Timothée Demont – Renaud Vignes
Acteurs opérationnels du projet : Nos Quartiers Demain, Massilia Sun System, École d’économie d’Aix-Marseille, Yes We Camp, Villes Innovations, agence Tdso
Institutions soutiens : Marseille Solutions, Laboratoire LIEU (IUAR), Collectif Laisse Béton
Date:
25 mars 2021