FAIRE DE MARSEILLE UNE TERRE D’EXPÉRIMENTATION POUR UN NOUVEAU MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT

 

Depuis des années les marseillais se sont sentis spectateurs de la « modernisation » de leur ville. C’est ainsi que les fractures sociales et spatiales se sont aggravées pour devenir l’exemple même d’un capitalisme hors de contrôle. Pour retrouver qualité de vie et prospérité, Marseille et ses habitants ne doivent plus se contenter de (mal) copier ce qui se fait ailleurs. Au contraire, il s’agit d’inventer un nouveau modèle de développement basé sur la réappropriation de l’espace et du temps.

Dans nos sociétés modernes, le temps s’est mis à accélérer et nous en avons été dépossédés par des technologies numériques toujours plus addictives. Ces deux phénomènes ont produit un étrange résultat : le temps a vaincu l’espace, Marseille n’est plus à 800 km de Paris, mais à 3 heures ! Ces deux phénomènes ressentis par tout le monde auraient dû nous transformer en simple consommateurs de services censés nous faire gagner du temps (le GPS par exemple).

Pourtant, dans le 12^ème arrondissement de Marseille, depuis l’été 2018, nous assistons à des comportements singuliers qui n’entrent pas dans cette logique d’abandon de notre temps à des puissances supérieures. Depuis 3 ans, nombre d’habitants ont décidé de consacrer une partie de leur temps à inventer un nouvel avenir de la friche Louis Armand. Cette singularité montre que lorsque les habitants se sentent concernés, ils sont capables de s’organiser pour réorienter leur temps vers des engagements qu’ils jugent supérieurs.

Au regard de l’originalité du projet proposé par le collectif Nos Quartiers Demain, il est clair que ce qu’on appelle le principe de « cognition située » a joué à plein. Celui-ci nous dit que : si un agent aux capacités limitées peut atteindre ses fins, c’est avant tout parce qu’il dispose des ressources cognitives que lui fournit son environnement ».

Si nos élus souhaitent sincèrement transformer notre ville pour le mieux de ses habitants, alors ils doivent intégrer cette capacité créative des habitants en proposant de les faire participer pleinement à la co-construction de leur ville.

Finalement, et compte tenu de sa situation, Marseille n’a pas le choix. Elle n’a plus les moyens d’imiter ce qui se fait ailleurs, elle doit inventer son propre modèle en devenant le lieu d’expression de tous les changements qui sont en train de traverser la modernité. Et cette invention devra se faire avec l’ensemble des parties prenantes au premier rang desquelles les habitants.